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Les menaces d’Erdogan

Hier, un ami turc a posté un lien vers une entrevue qu’Erdoğan a accordée au service turc de la BBC. Le Premier Ministre y menace de déporter 100.000 migrants arméniens si la Résolution menant à le reconnaissance du génocide arménien est acceptée aux États-Unis. Il dit:

« Regardez, dans mon pays, il y a 170.000 Arméniens, 70.000 d’entre eux sont mes citoyens. Mais nous tolérons en ce moment les 100.000 autres. Que vais-je faire demain? S’il le faut, je dirai à ces 100.000: ‘Allez, retournez dans votre pays’, c’est ce que je ferai ».

(« Bakın benim ülkemde 170 bin Ermeni var; bunların 70 bini benim vatandaşımdır. Ama yüz binini biz ülkemizde şu anda idare ediyoruz. E ne yapacağım ben yarın, gerekirse bu yüz binine ‘Hadi siz de memleketinize’ diyeceğim; bunu yapacağım. »)

Je dis: OUF. Déclarations assez percutantes. Curieusement, j’ai cherché sur le service anglophone de la BBC, on y retrouve aussi un extrait de l’entrevue d’Erdoğan, même décor, même éclairage, mais cette fois on n’y discute que de la position turque sur le programme nucléaire iranien. Pourquoi n’y fait-on pas mention du tout de cette déclaration? Ça m’intrigue drôlement. Oui, c’est un journaliste différent qui a mené chaque entrevue, mais il me semblerait normal que les informations acquises d’un service de la BBC soit communiqués aux autres.

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AJOUT – 18 mars 2010

Ici un article intéressant en anglais qui résume bien les critiques qui ont été adressées à Erdoğan pour sa déclaration d’hier. GROSSE gaffe qui montre bien la personnalité du Premier Ministre turc… Pour rectifier le tir, il devra trouver quelque chose de fort, très fort.

« Nous sommes tous Hrant Dink », 3 ans plus tard

Désolée du silence, cette pause est attribuable au fait que j’étais en non-pause ailleurs. De retour, yé.

J’ai profité de mon premier jour de congé pour aller manifester avec des tonnes d’autres gens sous la première grosse neige fondante de 2010 en commémoration du 3e anniversaire de l’assassinat de Hrant Dink. Ce journaliste arménien a été fusillé devant les bureaux du journal où il travaillait, le Agos, le 19 janvier 2007, par un jeune ultra-nationaliste de 17 ans. L’enquête est toujours en cours, parce qu’on soupçonne le meurtre d’avoir été organisé par Ergenekon, cette fameuse organisation fasciste, l’État profond, dont je vous parle régulièrement.

« Nous sommes tous Hrant Dink, nous sommes tous Arméniens »… Devant le bureau de son journal, nous étions plusieurs milliers à s’être rassemblés malgré le froid et le mouillé. Courage, tristesse ou rage. Le rassemblement a duré au moins une bonne heure, et en soirée une autre marche en son nom avait lieu.

À voir ici, photo vue d’en haut qui montre l’étendue de la foule; sous chaque parapluie nous devions être au moins 4 ou 5 personnes. Je vous laisse en lire un peu plus sur le dossier ici aussi.

Katili tanıyoruz, adalet istiyoruz: « Nous connaissons le tueur, nous voulons justice ».